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Chaque année, nous célébrons le Mois de l’Histoire des Noirs ( MNH) en Février.
Durant ce mois, plusieurs activités, conférences, animations et festivités sont mises en place pour mettre en valeur nos racines.
Mais au fil du temps, on remarque que cet événement devient obsolète et que les gens ( surtout de la communauté ) n’y prêtent plus vraiment attention.
Alors posons-nous la question : Est-ce que le Mois de l’Histoire des Noirs est encore important aujourd’hui ?
L’objectif de cet article est de s’interroger sur la signification du MNH, en remontant dans son origine, son impact et sa pertinence pour la communauté Afro-caribéenne.
Nous allons conclure en nous demandant si nous jouons vraiment notre rôle.
Quelle est l’origine du mois de l’histoire des Noirs ?
Tout a commencé avec le Dr Carter G. Woodson, un historien et militant afro-américain, considéré comme le père du mois de l’histoire des Noirs.
Né en 1875 dans l’État de Virginie aux Etats-Unis, il est le fils de captifs libres. Il obtient un doctorat en histoire à l’Université d’Harvard et fonde en 1915 The Association for the Study of Negro Life and History ( l’Association pour l’étude de la vie et de l’histoire des Afro-Américains) dans le but de promouvoir l’histoire des Noirs.
Un an plus tard, Dr Woodson lance à lui seul le Journal of Negro History. Avec d’autres chercheurs, ils travaillent ensemble pour mettre de l’avant les réalisations des Noirs américains dans l’histoire.
Dr Woodson souhaite également intégrer l’histoire africaine dans les programmes scolaires, en veillant à ce que cette histoire soit enseignée avec respect et authenticité.
C’est en février 1926 que le docteur envoie un communiqué de presse pour annoncer la première Semaine de l’Histoire des Noirs.
L’objectif de cette semaine est de commémorer l’histoire des Noirs américains et de leurs accomplissements passés de manière plus objective.
Il travaille très fort dessus et consacre sa vie sur ses recherches. Il meurt en 1940 d’une crise cardiaque à Washington.
Avec l’essor des mouvements de défense des droits civiques et du Black Power dans les années 1960, les jeunes Afro-Américains des campus universitaires deviennent de plus en plus conscients de l’importance de la dimension historique dans leur combat.
Les jeunes membres de l’ASNLH (qui est devenue plus tard l’Association for the Study of African American History) ont insisté pour que l’organisation évolue avec son temps, notamment en passant officiellement à une célébration mensuelle de l’histoire des Noirs.
Finalement, en 1976, à l’occasion du 50e anniversaire de la première Semaine de l’Histoire des Noirs, l’association est officiellement passée au Mois de l’Histoire des Noirs.
Depuis lors, chaque président américain a publié une proclamation honorant “l’esprit” du Mois de l’histoire des Noirs.
En 2016, Barack Obama a fait sa dernière proclamation en l’honneur de l’initiative de Woodson, désormais reconnue comme l’une des plus anciennes célébrations organisées de l’histoire du pays.
Pourquoi avoir choisi février pour le Mois de l'Histoire des Noirs ?
Le Dr Carter Woodson a choisi février pour célébrer le MHN par rapport à deux dates clés dans l’histoire :
La première est la naissance de deux personnalités importantes de l’histoire pour les Afro-Américains: l’ancien esclave et abolitionniste Frederick Douglass et le président américain Abraham Lincoln ( Bien que ce dernier avait plus d’intérêts politique que philanthropique).
Et la deuxième( ma préférée) La commémoration de la mutinerie de Nat Turner, qui a eu lieu en février 1831. Cette rébellion de centaines d’anciens captifs noirs est considérée comme un événement majeur dans la lutte pour l’émancipation des Noirs aux États-Unis.
En associant ces dates clés à la célébration de la Semaine de l’Histoire des Noirs, il voulait rendre hommage à ces personnages et marquer les esprits.
Est-ce que le Mois de l’Histoire des Noirs a déjà eu un impact depuis sa création ?
Nous allons répondre à cette question par un exemple concret.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, Rosa Parks n’a pas été la première femme a refusé de se lever de son siège dans un autobus pendant la ségrégation.
La première était une jeune fille de 15 ans originaire d’Alabama, nommée Claudette Colvin.
Neuf mois avant Madame Park, Claudette refuse de laisser sa place, dans le bus,à une jeune blanche disant au chauffeur : ” J’ai payé mon ticket comme elle donc j’ai le droit constitutionnel de rester ici “.
Dans les états racistes du Sud des États-Unis, ce geste héroïque lui a valu un séjour en prison. C’est précisément cette action qui a inspiré Rosa Parks à reproduire la même chose quelques mois plus tard.
Dans une récente interview en 2018, une journaliste demande à la jeune Claudette ( qui a 83 ans aujourd’hui) ce qui l’a poussé à (oser) dire non.
Sa réponse était….la Semaine de l’histoire des Noirs !
Elle avait participé à plusieurs activités/conférences et après avoir passé une semaine à entendre les accomplissements de ses ancêtres, ça l’a rendu FIÈRE de ses origines.
Son acte de bravoure a mené à la déségrégation quelques années plus tard.
Voilà ce que l’histoire peut faire pour nous.
(👇🏾Nous avions parlé en détails de l’histoire de Claudette Colvin dans notre live👇🏾).
La place du mois de l’histoire des noirs au Québec et dans la diaspora
Au Québec, le 23 novembre 2006, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi visant à faire du mois de février le Mois de l’histoire des Noirs, afin de souligner la contribution historique des communautés noires à la société québécoise.
Cette loi est entrée en vigueur le 1er février 2007. ( Source : Site moisdelhistoiredesnoirs).
En dehors de l’Amérique du nord, le MHN est assez populaire au Royaume Unis mais encore très timide dans le reste de l’Europe
Conclusion : Jouons-nous vraiment notre rôle ?
400 ans de colonisation culturelle ne justifie pas le rejet d’une histoire qui s’étend sur des millénaires.
Donc profitons de ce mois de février pour participer aux différentes activités organisées pour préserver notre héritage culturel.
Nous avons un rôle à jouer.
À travers les exemples cités dans cet article, le point de départ de grandes actions commence souvent par une conscience historique.
En plus, cette année le calendrier est bien rempli.
Pour ceux qui aimeraient faire un voyage au cœur de l’Afrique Impériale, Karibu Montréal organise le Retour Aux Pyramides 10, le dimanche 19 février 2023.
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Connaître d’où solidifie la vision vers là où l’on va, merci à vous pour se rappel.
Merci pour l’article, très instructif 👏🏾👌🏾👍🏾