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Jeux olympiques 1968 : L’histoire de deux poings levés dans un gant noir

tommie smith et John Carlos aujourd'hui

Les Jeux Olympiques de Mexico en 1968 au Mexique ont été marqués par un geste historique.

Après avoir remporté les médailles d’or et de bronze au 200 mètres, Tommie Smith et John Carlos sont montés pied nus sur le podium, ont attendu l’hymne nationale américaine pour baisser la tête, enfilé un gant noir dans la main droite et levé le poing.

Mais pourquoi ont-ils fait ça ?

Table des matières

Le 16 octobre 1968 à Mexico

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L’ambiance est électrique au Stade Olympique Universitaire de Mexico. Le record du monde de 200 mètres vient d’être battu par  Tommie Smith et le monde entier retient son souffle pour la cérémonie de remise des médailles.  

Les notes de l’hymne américain, “The Star Spangled Banner“, résonnent dans l’arène, mais ce qui se passe sur le podium va laisser le stade dans un silence assourdissant

Les yeux se tournent vers Thommie Smith, médaillé d’or, et John Carlos, médaillé de bronze, deux athlètes noirs américains qui se tiennent tête baissée, poings gantés de noir levés vers le ciel.

Le public ne comprend pas ce que ça veut dire mais comprend que ce n’est pas juste un geste anodin mais un message fort qui est en train d’être passé.

 Pieds nus, ils affichent leur solidarité avec les plus démunis, tandis que leurs poings brandissent le symbole d’une lutte pour les droits civiques qui déchire leur pays.

Ce 16 octobre 1968, au cœur des Jeux Olympiques, est une date qui va rester dans l’Histoire et ébranler l’Amérique.

pouvoir noir mouvement
pouvoir noir mouvement 2

Quelle était la signification de ce geste ?

Ce geste puissant était une protestation contre les violences raciales et les inégalités sociales dont souffraient les Afro-Américains. 

À cette époque, en effet, le contexte est explosif. Cela fait presque 8 ans que les états-unis sont partagés entre manifestation et émeutes des noirs qui réclament leur droit à être traités comme des citoyens de 1er classe comme tout le monde.

Des leaders ont été tués comme Malcolm X en 1965 et malgré que la loi contre la déségrégation est passée, le début 1968 a été marqué par l’assassinat de Martin Luther King, le 4 avril dans un hotel.

manifestation noir
martin luther king
martin luther king

Un acte réfléchi réfléchi à l'avance

Le geste de Smith et Carlos était planifié. Avant de monter sur le podium, ils avaient discuté de la meilleure manière de faire passer leur message.

En levant le poing, Smith et Carlos ont voulu attirer l’attention mondiale sur le mouvement des droits civiques aux États-Unis à cette heure de grande écoute.

La signification des vêtements et accessoires

signification du gant noir 1968 mexico black power

Smith et Carlos portaient des gants noirs pour symboliser la force et l’unité. Ils étaient pieds nus pour représenter la pauvreté des Afro-Américains. 

Carlos portait également un collier de perles, symbolisant les lynchages et les meurtres subis par les Noirs.

Leurs vêtements dépareillés et leurs accessoires étaient tous chargés de significations profondes et de messages politiques.

Quels ont été les conséquences de ce geste ?

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Répercussions Immédiates sur les Athlètes

À la suite de leur geste, Smith et Carlos ont été suspendus par le Comité Olympique Américain et expulsés du village olympique. 

Le président du Comité International Olympique (CIO), Avery Brundage, a condamné leur geste comme une « démonstration de pouvoir inacceptable ».

Leur acte a été considéré comme une violation des règles olympiques qui interdisent les manifestations politiques sur le podium.

Les deux athlètes sont suspendus, puis interdits de compétition à vie.

Le Retour Des champions Aux États-Unis

Leur geste héroïque a un prix.

Quand nous sommes partis à Mexico, il y avait un beau soleil qui brillait sur l’univers. Quand nous sommes rentrés à la maison, c’était comme si une grosse tempête s’était déclenchée”, se souviendra plus tard John Carlos, 23 ans à l’époque

Une partie de leur entourage les abandonne, effrayée par les menaces de mort qui pleuvent et John Carlos perd se retrouve sans emploi.

Après des années de labeur, d’entrainements intensifs pour finalement remporté la victoire aux JO, leur pays les remercient en les jettant à la rue.

On se rappelle également que le boxeur Muhammad Ali, médaille d’or olympique en 1960,  s’est fait recaler à l’entrée d’un resto en raison de sa couleur de peau.

Pas de médaille assez brillante pour faire oublier le racisme, même pour un héros national…

Un geste qui restera dans l'histoire Noire

Pourtant, malgré l’isolement et la persécution, leur acte de défiance les propulse au rang d’icônes de la lutte pour les droits civiques. 

Leur image, poings levés, devient indissociable du mouvement “Black Power“, né deux ans plus tôt grâce à des militants comme le grand Malcolm X.

Que retenir de l’histoire ?

Thommie Smith raconte n’avoir reçu aucune aide financière à son retour des JO. 

Après 68, j’ai dû trouver du travail, je devais nourrir ma famille. Mon fils avait 6 mois.” 

Des années de labeur et une carrière brisée, mais Tommie Smith ne regrette rien. ( Extrait tiré de l’article de radiofrance)

L’histoire de Thommie Smith et John Carlos transcende le sport. Leur courage et leur détermination à utiliser une plateforme sportive pour attirer l’attention sur les injustices raciales inspirent encore aujourd’hui. Leur geste est un rappel puissant du rôle des athlètes dans les mouvements sociaux.

Leurs actions ont inspiré d’autres athlètes et militants à utiliser leurs plateformes pour protester contre les injustices. 

Des figures modernes comme Colin Kaepernick, qui a mis un genou à terre pendant l’hymne national pour protester contre les violences policières, s’inscrivent dans cette tradition de résistance par le sport.

"Je ne regrette rien" Tommie Smith

Le 14 octobre 2018, Tommie Smith et John Carlos sont retournés au stade de Mexico pour commémorer les cinquante ans des Jeux Olympiques de Mexico.

Au micro d’Aurélie Bambuck , Smith déclara Smith déclara : “Les gens considéraient que c’était une insulte de dire au monde comment on était traités dans mon pays (…) Je suis content de la reconnaissance que j’ai aujourd’hui, et je suis fier de pouvoir aider encore la jeune génération.

Cependant, il ajouta aussi : “Concernant les droits civiques, un escargot a fait plus de chemin en 50 ans…”

Mais par rapport à son acte et après avoir été banni, il affirma : “Je ne regrette rien.”

La mort avant le déshonneur.

2 réflexions sur “Jeux olympiques 1968 : L’histoire de deux poings levés dans un gant noir”

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