Senami : Dieu m’a fait don en langue fon, principale langue du Bénin. Prénom populaire dans ce pays.
« Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble. »
Proverbe africain.
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le visage pâle s’apercevra que l’argent ne se mange pas. »
Proverbe amérindien de Alanis Obomsawin.
Les premières nations d’Amérique et les autochtones d’Afrique partagent de nombreuses caractéristiques et entretiennent une relation étroite qui mériterait qu’on s’y attarde.
Une spiritualité ancestrale, une relation privilégiée avec la nature, des continents qu’ils ont peuplés et organisés en se basant sur leurs coutumes et traditions, des monuments mystérieux tels que les pyramides présentes au Mexique, au Guatemala d’un côté de l’océan (bien que le terme le plus approprié serait temple en raison du sommet) et en Égypte ou au Soudan (pyramides nubiennes) de l’autre côté.
Parc national de Tikal au Guatemala.
Plusieurs similitudes sont également perceptibles au niveau des rapports que ces peuples connaissent avec les Européens. Il s’agit malheureusement essentiellement d’un rapport de force. Ces derniers ont décidé d’étendre leur empire dans des territoires lointains dans le but de prendre possession de ressources naturelles encore convoitées aujourd’hui et évangéliser des individus jugés inférieurs.
Au moment où j’écris ces lignes, les individus que l’on désigne à la peau noire et à la peau rouge restent liés dans les discriminations qu’ils subissent. Deux destins différents, deux cultures différentes mais un patrimoine commun, la volonté de placer l’Homme au sein du Cosmos, vivant en harmonie avec toutes les créatures d’un Être supérieur dont le nom n’a aucune importance.
La simple croyance en quelque chose de transcendant, qui dépasse le commun des mortels, à l’origine de tout ce qui existe, est un élément fondamental au sein des communautés autochtones. Une fraternité entre ces deux peuples mise en évidence par des échanges bien plus anciens que l’arrivée des conquérants au quinzième siècle.
L’hypothèse de navigateurs partant en expédition vers l’Amérique depuis l’Empire du Mali ou encore la présence de la civilisation Olmèque dont les traits rappellent étrangement l’homme africain sont des indices sur une probable présence de populations noires avant la découverte du continent américain par Christophe Colomb.
Les afro-caribéens seraient-ils tous issus de la traite négrière?
Ce qui est frappant en explorant les îles des Caraïbes, les pays d’Amérique Centrale et du Sud, est cette vague impression d’avoir déjà vu quelque chose de semblable. En effet ces zones géographiques et l’Afrique se ressemblent. Le climat, la végétation, le rythme de vie, les plats parfumés et épicés, les danses et les chants, la spiritualité et la religion chrétienne très présente.
Les similarités ne se limitent donc pas aux gens qui peuplent les deux continents, elles concernent également l’environnement naturel dans lequel ils évoluent. L’Afrique et l’Amérique sont comme deux frères séparés à la naissance mais destinés à se retrouver. Le grand frère se souvient avoir vu impuissant son petit frère s’éloigner. Depuis cet instant, il continue à le regarder de loin, espérant son retour un jour. D’ailleurs leur forme, bien que leur taille soit différente, est assez proche.
L’analogie entre deux continents frères d’un côté et deux personnes noires d’une même famille, séparés puis déportés de l’autre côté de l’océan, prend tout son sens lorsque on a une vision panafricaniste.
Kwame Nkrumah a dit :
« Je ne suis pas Africain parce que je suis né en Afrique mais parce que l’Afrique est née en moi. »
« Toutes les personnes d’ascendance africaine, qu’ils vivent en Amérique du Nord ou du Sud, dans la Caraïbe et dans n’importe quelle autre partie du monde sont des Africains et appartiennent à la nation africaine »
Façade d’un immeuble. Carthagene des Indes, Colombie.
C’est en partant de ce principe que je pars à la rencontre de mes frères nés en Amérique avec l’espoir de leur faire prendre conscience de cette réalité. Je ne force personne et respecte les croyances et libertés de chacun car je n’aimerais pas qu’on m’impose quoi que ce soit.
Cependant, en toute humilité, j’ai le devoir de passer ce message. J’estime qu’il est important de les faire adhérer à ce projet collectif, les inciter à faire un pèlerinage vers la Terre Mère. Le jour où j’irai au Bénin accompagné d’au moins un afro-descendant, qu’il soit haïtien, brésilien, cubain, guadeloupéen, colombien ou encore bélizien, alors j’aurai accompli une partie de ma mission. Le nombre importe peu, l’action par contre vaut beaucoup. Pour moi mais aussi pour mes ancêtres.
Ces lieux situés de part et d’autre de l’océan Atlantique, nous réconcilient avec la nature, la simplicité, l’authenticité, les peuples primitifs dont on gagnerait à s’inspirer. Les autochtones, peu importe la couleur de leur peau, partagent les mêmes valeurs, parlent de la même chose mais avec des termes différents. Ils connaissent les bienfaits des plantes, le passé et le futur car ils sont connectés à la source. Ils parviennent à lire les messages, décrypter les signes de l’Univers et communiquer avec le divin. Ils ont conscience d’être des entités spirituelles dans un corps physique.
Ce constat n’est pas seulement le mien. Je parle de quelque chose que j’ai vu au cours de mes voyages dans ces régions du monde. Un pays d’abord et une ethnie ensuite attirent particulièrement mon attention. Au sud du Mexique et au nord-est du Guatemala, le Bélize fascine par sa diversité culturelle, ses jungles, ses plages et ses îles paradisiaques.
Sur ce territoire se mêle notamment descendants de mayas et afro-descendants. Le drapeau de cette nation, à travers un homme métis et un homme créole, symbolise ce mélange de population. Au cours d’un prochain article, je vous ferai découvrir ce merveilleux pays qui ne constituera qu’une étape dans une longue aventure riche en expériences, connaissances et émotions.
Plage de Placencia, Belize.
Agossou Yannick Honvo